Jean Haritschelhar universitaire

Jean Haritschelhar

Agrégé d’espagnol, le versant universitaire essentiellement consacré au service de l’euskara, donna à Jean Haritschelhar une position singulière. A son indépendance d’esprit, la rigueur de sa thèse sur Topet-Etxahun, son engagement dans le réseau de brillants défenseurs des langues minoritaires et la publication de 400 contributions scientifiques, Jean Haritschelhar ajouta une collaboration fidèle à Enbata. Xarles Videgain, professeur des universités retrace ce parcours somptueux. 

Beaucoup de choses justes ont été dites sur Jean Haristschelhar après sa disparition le 1er septembre dernier. Ces quelques lignes sont consacrées plus particulièrement à Jean Haritschelhar universitaire et intellectuel. On sait qu’agrégé d’espagnol, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure à Saint-Cloud, étant passé par le lycée Fermat à Toulouse en classe préparatoires, où l’un des professeurs n’était autre que J.P. Vernant, grand résistant et plus tard helléniste, il avait commencé ses premiers travaux sur les frères Becquer, écrivains espagnols, et aurait sans doute poursuivi une carrière d’hispaniste s’il n’avait pas décidé d’appliquer son savoir aux études basques, qui institutionnellement, faisaient partie des études ibériques à l’Université de Bordeaux où avait été créée la première chaire de basque en 1947, confiée au grand bascologue René Lafon qui proposa à Jean Haritschelhar de venir l’assister dans ses travaux.

La thèse fut certainement un tournant pour Jean Haritschelhar. Il racontait comment, enseignant d’Espagnol au lycée d’Agen, un collègue lui fit part de la présence à la prison d’Agen de documents concernant un repris de justice dénommé Pierre Topet originaire de Barcus en Soule. Le patronyme même de Haritschelhar est souletin, et il savait y avoir des ancêtres ayant été douaniers ou fonctionnaires. Toujours est-il que Jean Haritschelhar se lança dans  une thèse qui reste le pilier de son œuvre intellectuelle en tant qu’universitaire, même s’il a pu par la suite élargir son champ de recherche. Le titre de sa thèse est Le poète souletin Pierre Topet-Etchahun (1786-1862). Contribution à l’étude de la poésie populaire basque du XIXème siècle. Elle fut publiée en 1969 dans un volume de 584 pages, tandis que la thèse complémentaire parut à Bilbao en 710 pages sous l’égide de l’Académie de la langue basque sous le titre L’œuvre poétique de Pierre Topet-Etxahun. Jean Haritschelhar démontre dans la thèse ses qualités fondamentales: excellente organisation, grande logique, clarté de l’exposition, puissance de travail, entre autres.

Jean Haritschelhar ne part pas ex nihilo mais presque. Le fils de la maison Etxahun n’était pas tout à fait inconnu avant sa thèse. Germond de Lavigne y fait allusion dès 1855 du vivant du poète mais Chaho l’ignore. Dans leurs œuvres de référence, Francisque-Michel et Sallaberry citent quelques chansons. Charles Bordes insiste davantage sur ‘le mauvais sujet” que sur le poète. Il faut attendre Yon Etxaide pour publier sur Etxahun son ouvrage Joanak-joan en 1955, sans doute aidé par Mirande pour traduire en guipuscoan le souletin d’Etxahun. Il avait été précédé par quelques travaux de Lhande à partir de 1923 et de Larrasquet qui avaient publié à leur manière un certain nombre de ses oeuvres, puis Espil avait publié un roman en 1947 sous le titre Etchahun le malchanceux, puis Larzabal une pièce de théâtre en 1951 et Bordaçarre Etchahun  une pastorale jouée à Barcus en 1953. Jean Haritschelhar fait écho à la polémique qui secoua le monde des intellectuels basques sur la consécration qui devait ou pas accompagner Etxahun. Parmi ceux qui prônaient la consécration, on trouvait X. Arbelbide,  P. Larzabal, Jean Haritschelhar lui-même mais en face, très réticent, on trouve un certain Lichalt qui n’est autre que le très orthodoxe abbé Lafitte peu désireux que fussent chantées les louanges d’un mauvais sujet, comme l’a montré Jon Casenave. Le piquant de l’histoire est que Lafitte sera un soutien constant pour Jean Haritschelhar en particulier par son excellente connaissance du souletin dont il fait profiter le jeune thésard. Jean Haritschelhar a le grand mérite de consacrer un travail d’importance à la vie et à l’œuvre d’Etxahun. Peu d’auteurs basques, encore aujourd’hui, ont bénéficié d’une telle approche.

Il a déjà été dit comment Jean Haritschelhar
sut profiter de son statut d’universitaire bascophone
et de son indépendance d’esprit
pour donner une assise à divers mouvements
qui se manifestaient en faveur de la langue basque

Plongée dans la société du XIXe siècle

Dans la première partie, consacrée à la vie d’Etxahun, Jean Haritschelhar se livre à une enquête minutieuse. Loin de se fier aux compilations, il va aux documents eux-mêmes dans une quête qui révèle sa curiosité intellectuelle et sa capacité à organiser et hiérarchiser les diverses informations qu’il a su réunir. C’est évidemment une plongée très intéressante dans la société rurale du 19ème siècle dans lesquelles on hérite de chandeliers de laiton, d’une vache et sa suite (suitée?), de bardeaux de chêne mais qui manifeste une très forte complexité dans laquelle le thésard ne perd jamais le nord, par exemple sur les questions d’héritage.

Les vicissitudes de la vie d’Etxahun sont rapportées pour une grande part dans ses poèmes. C’est donc une vie très agitée dont Jean Haritschelhar a su rendre compte avec maîtrise en 239 pages en pesant avec sagesse les textes autobiographiques du poète, et en mettant le doigt sur les inexactitudes de nombreux témoignages ou de la “tradition”. Peu de temps avant sa disparition, Jean Haritschelhar m’avait confié aimer beaucoup lire les romans  policiers, autant pour l’intrigue que pour ce qu’ils disent de la société, reprenant la formule selon laquelle les polars sont une grande littérature morale. Il ne fait pas de doute que JH a été un remarquable enquêteur sur la trace de l’insaisissable Etxahun.

Etxahun

Le brio dont fait preuve Jean Haritschelhar dans cette première partie laisse place à une seconde partie de 464 pages, plus théorique et très solide dans laquelle il étudie l’œuvre d’Etxahun puis renouvelle les études sur la chanson basque et sur la métrique. Jean Haritschelhar caractérise le lyrisme d’Etxahun poète du “moi”, agressif et douloureux  mais aussi sa force satirique qui fait feu de tout bois dans une langue dont il joue au mieux. C’est une partie indispensable à la compréhension des œuvres d’Etxahun dont le texte lui-même est fourni dans l’ouvrage de 1970. Certes, le texte est un régal après apprentissage du souletin. La partie la plus technique intervient en fin d’ouvrage quand Jean Haritschelhar examine quelle place la musique a joué et joue dans la poésie basque. Cela lui permet d’ailleurs de mieux dater certaines chansons par ailleurs bien connues. Après la musique, c’est la métrique elle-même qui passe au crible de Jean Haritschelhar. Il examine longuement la  préférence pour l’assonance au détriment du rythme, pour des césures dans les vers longs et souvent accordées à la syntaxe, le poids de l’impair dans 18 espèces de vers basques dont il fait la description. Les influences des langues voisines et de leur versification y sont mises en relief. Cela n’empêche nullement  que la poésie basque ait connu ses propres évolutions. Cette deuxième partie, plus difficile, constituera pour Jean Haritschelhar un socle de connaissances à partir duquel il étudiera de près d’autres écrivains tels que Etxepare (1545) et nous savons que dans ses derniers jours encore Jean Haritschelhar confiait à ses proches qu’il souhaitait  qu’un ouvrage d’importance fasse le  point sur le premier ouvrage connu en langue basque.

Il a déjà été dit comment Jean Haritschelhar sut profiter de son statut d’universitaire bascophone, – ils étaient très peu nombreux à l’époque- et de son indépendance d’esprit pour donner une assise à divers mouvements qui se manifestaient en faveur de la langue basque. Professeur, membre d’instances importantes comme le Conseil des Universités, il fut universitaire respecté et enseignant apprécié. D’une part, il favorisa la création d’études  basques à Bayonne, et son action fut prolongée avec brio par la création d’un département d’études basques par Jean Baptiste Orpustan, enseignant à Bordeaux 3 et Bayonne, par Eugène Goyeneche, Pierre Bidart et Txomin  Peillen à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Hors Université, il sut réunir les enseignants du secondaire dans l’association Ikas et les multiples organismes de défense des langues dites régionales, en contact permanent avec de grands militants comme Per Denez en Bretagne, Robert Lafont en Occitanie ou Becat en Catalogne. Nous passons ici sous silence son immense implication dans l’Académie de la langue basque dont il fut membre durant 51 ans (cinquante et un) dont un bon nombre en tant que vice-président et président: son souci de la qualité des travaux fournis y fut constant et je lui dois de m’avoir mis le pied à l’étrier dans l’aventure de l’atlas linguistique du pays basque sous l’égide du CNRS puis d’Euskaltzaindia et dont il était heureux de voir enfin les fruits arrivés à maturité.

Savoir et savoir-faire

Je voudrais pourtant consacrer, ne serait-ce que de manière elliptique,  une partie de cet article à la production intellectuelle de Jean Haritschelhar à partir d’une visite rapide au Bulletin du Musée basque dont il dirigea les destinées pendant plus de 20 ans. Il eut d’abord le mérite de relancer en 1964 une revue qui était morte durant la guerre de 1939-45, et ce vite après sa nomination par Henri Grenet au Musée basque à Bayonne en 1962 en réunissant les divers spécialistes universitaires ou non. Il put compter sur le soutien de Lafitte, Percier, Barriéty, Dassance, E. Goyheneche, P. Hourmat pour fournir une revue cohérente consacrée aux sciences sociales en Pays Basque, essentiellement en langue, littérature, préhistoire.

Peu de choses échappaient à Jean Haritschelhar dans la recherche universitaire. Il entretenait d’excellentes relations avec des universitaires spécialistes du basque comme Jacques Allières dont il admirait les capacités intellectuelles à apprendre quantité de langues ou la morphologie verbale du basque, avec Jean-Louis Fossat, Chalossais spécialiste de lexicographie. Il appréciait aussi d’autres universitaires, en particulier ses maîtres hispanistes comme Salomon ou Perez, des celtisants comme Jean Le Dû, des dialectologues comme Gaston Tuaillon et surtout les spécialistes de basque de l’autre côté de la frontière, surtout Mitxelena, puis P. Altuna, Arana Martija et les plus jeunes espérances comme Miren Azkarate, Pello Salaburu A.M Toledo, M.L Oñederra et bien d’autres.

Revenons au bulletin. Jean Haritschelhar eut aussi la bonne idée de publier des numéros monographiques qu’il obtint de Sacx (histoire locale), Garat (lexique de la mer), Duvert (à plusieurs reprises sur l’art funéraire basque), de R. Lafon qui faisait référence sur la langue basque), de Tauzia sur les instruments aratoires dont Brunhes-Delamare, Haudricourt ou Trochet connaissent tout l’intérêt bien mieux que les Basques, de J. P. Orpustan (sur les maisons médiévales), de F. Fourquet (sur la mascarade), de P. Charriton et J. Casenave (sur la correspondance Etchepare/Lacombe) et un numéro spécial consacré à R. Lafon puis un autre sur P. Lafitte. Il sut obtenir le concours d’excellents spécialistes universitaires comme Guilcher et ses travaux sur la danse basque ou Beaudouin sur la navigation fluviale. Il sut aussi recourir aux érudits ou autres universitaires comme Etcharren, Bota, Gaudeul, Blot, Etxeverry-Ainchart (père et fils), Urrutibéhéty, Moreau, Robert, Larrarte, O. Ribeton, Poupel, Bru, J. M. Larre, M. Curutcharry, Renaud d’Elissagaray, I. de Ajuriaguerra, B. Traimond et bien d’autres. Il rendit compte de la vie  intellectuelle locale, aussi bien les Entretiens de Bayonne que les diverses expositions sur les chemins de Saint-Jacques, sur Cambo ou le rugby à Bayonne. Il sut aussi maintenir une activité de veille scientifique par de nombreux comptes rendus sur les ouvrages touchant de près ou de loin au domaine basque : il ne laissait guère passer d’ouvrage du père Donostia sur musique et chant basque sans en donner un compte rendu. Il renseignait aussi avec précision sur les nouveaux documents de tout ordre rentrant au Musée basque donc ceux précieux de La Sota. Sachant fédérer les chercheurs, il publia en 1983 chez Privat un ouvrage important intitulé Etre basque qui réunissait divers spécialistes du domaine.

Je me rends compte que j’utilise souvent le verbe ‘savoir’ en parlant de Jean Haritschelhar et il s’agit ici de son savoir-faire. Quant au savoir lui-même, l’activité de directeur du bulletin ne l’empêcha pas de s’adonner à la publication régulière de nombreux articles, non seulement autour de sa thèse mais aussi sur ses auteurs préférés. On y voit quelques articles sur des auteurs de langue espagnole comme Alejo Carpentier, (article cosigné avec le grand hispaniste Salomon). Il ne pouvait pas ne pas écrire des mises au point sur la pelote basque et un de ses derniers articles est consacré à expliquer l’expression ados bien connue du monde de la pelote. Il écrivit sur les cagots, sur les chansons de pèlerins de Saint-Jacques, le bertsolarisme et surtout beaucoup sur la chanson populaire basque mais aussi donna des articles qui faisaient l’état de la question sur la recherche linguistique et littéraire basque, certains de ces articles en français étant la reprise de contributions données par exemple en basque dans la revue de l’Académie de la langue basque ou dans diverses encyclopédies. Le Bulletin du musée basque continue heureusement d’exister.

Bortzetan baino gehiago pentsaketetan nago
hasi berria dudala euskal-jakitearen bide luzea.
Santiago de Konpostelara zoazen beilarien pare,
kuraiaz beterik ni ere, hartzen dut bide hori,
segur zuen lan ederrak izanen direla
enetako aterbe edo hospitale onak,
indarrez betetzeko egoitza goxoak,
gero bideari berriz lotzeko.

Homo academicus

Jean Haritschelhar semblait avoir toujours le temps de mener à bien ses multiples activités. Avec toutes ses limites, le Bulletin du Musée Basque a été un excellent catalyseur du monde  intellectuel basque tout au moins de ce côté de la frontière, et Jean Haritschelhar en fut la cheville ouvrière. Notons que nous relevons ici les travaux de Jean Haritschelhar ayant été écrits en français mais les revues Gure Herria, puis Euskara d’Euskaltzaindia, révèlent un très grand nombre d’interventions en langue basque de l’académicien. Beñat Oyharçabal a listé plus de 400 articles scientifiques dans la carrière de Jean Haritschelhar. Nous ne parlons pas des milliers de billets parus dans Herria. Nous n’avons pu insister sur les origines sociales de Jean Haritschelhar, ses déterminants scolaires, son capital de pouvoir universitaire, de pouvoir scientifique, de prestige scientifique, de notoriété intellectuelle, de pouvoir politique et économique qui sont les critères présentés par Bourdieu pour examiner Homo academicus dont Jean Haritschelhar est un remarquable exemplaire.

Nous préférons terminer sur le passage de son discours d’entrée dans Euskaltzaindia à Saint-Etienne de Baïgorry, prononcé en été 1962, et qui évoque la quête intellectuelle et sans doute spirituelle de Jean Haritschelhar. Il recourt à la métaphore du pèlerin de Saint-Jacques. Il n’aurait pas aimé que nous fassions de lui un monument, mais nous ne doutons pas que sa production intellectuelle a fortement marqué le développement des études basques. Il y fait preuve de son indéfectible optimisme et de sa grande sociabilité qui restent pour nous un indispensable réconfort sur le long chemin de la langue basque.

Bortzetan baino gehiago pentsaketetan nago hasi berria dudala euskal-jakitearen bide luzea. Santiago de Konpostelara zoazen beilarien pare, kuraiaz beterik ni ere, hartzen dut bide hori, segur zuen lan ederrak izanen direla enetako aterbe edo hospitale onak, indarrez betetzeko egoitza goxoak, gero bideari berriz lotzeko.

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