Ouvrir les portes par Jean-Louis Davant

Au terme d’une longue campagne électorale de premiers ministrables, émaillée de détails techniques qui, selon la Constitution française, ne relèvent pas du chef de l’Etat, le Président en exercice est poussé vers la sortie par les électeurs de gauche (44 % des votes comptabilisés au premier tour) et par les déçus de son propre camp. Battant redoutable mais insatiable, Nicolas Sarkozy s’est fait beaucoup d’ennemis par son agressivité, il a dérouté nombre de ses partisans par son activisme débordant, son agitation et ses volte-faces. Plus égal, plus mesuré, plus arrondi, François Hollande l’emporte au souffle, en marathonien avisé, comme la tortue de la fable.
Bon courage au nouveau Président de la République! Il ne manquera pas de travail: dette, déficit, crise, chômage, sécu, santé, retraites, école, autres services publics, énergies du futur et transports, environnement, zones défavorisées (banlieues et déserts ruraux), égalité des femmes, lan-gues régionales, immigration, Europe, et j’en passe… Ne nous racontons pas d’histoires pour enfants: la dette est bien là, énorme. L’Etat continuera à la rembourser, et c’est nous tous qui paierons. De la même façon, le déficit devra être réduit pour se libérer quelque peu des «marchés». La balance des échanges extérieurs est également très déficitaire, il faudra aussi la redresser. L’on souhaite évidemment que les efforts soient bien répartis. Que l’on maintienne la solidarité sociale et les investissements: l’avenir en dépend. Trop d’austérité casserait la consommation et bloquerait la machine économique, limitant les entrées fiscales, aggravant le déficit et le chômage, plombant l’Europe. Celle-ci est plus nécessaire que jamais face aux géants du monde. Elle commença par un projet commun, la Communauté Charbon-Acier, et continua par la PAC. Son avenir n’est-il pas dans un nouveau chantier industriel et agricole? L’on pense aussi au New Deal de Roosevelt qui permit aux USA de redémarrer après la crise de 1929. Au diable toutefois les projets pharaoniques du passé, ils n’ont plus leur place dans la double crise, écologique et financière, qui devrait exclure logiquement la politique du bétonnage forcené et l’excès de chimie agricole. Place à une économie nouvelle beaucoup plus fine et décentralisée, basée sur la maîtrise de la finance et la diffusion des initiatives. Voilà une porte que le Président français devrait ouvrir avec ses partenaires européens: il aura du mal face à des partisans du libéralisme pur et dur, mais il aura pour lui une opinion publique européenne qui ne peut pas se résigner à une austérité sans contre-partie.
Ce Président devra aussi pratiquer des ouvertures dans le bunker qui enferme le «problème basque». Les premières portes à ouvrir sont celles des prisons où croupissent des centaines de militants basques. Tous ne sont pas en Espagne, l’Etat français aussi a les siens, de l’une et de l’autre ci-toyenneté. L’on s’en doute, leur libération ne se fera pas demain, comme par un coup de baguette magique. Le premier pas, rapide, serait leur rapprochement. Cessant de s’aligner sur la politique restrictive du gouvernement espagnol, le nouveau pouvoir français devrait prendre l’initiative avec ses propres détenus, puis pousser l’Espagne à traiter enfin la question basque de façon positive, par le dialogue avec tous les partis basques, en vue d’une véritable pacification. Le renoncement définitif de l’organisation ETA à la lutte armée ouvrit cette porte en octobre 2011: il est temps pour tous d’en tirer les conséquences positives.
Autres portes à ouvrir ici même, en Pays Basque Nord: celle d’une institution territoriale du Pays Basque d’Aquitaine; celle de l’officialisation de la langue basque (et des autres langues dites «régionales»); celle menant à l’établissement d’une Chambre d’Agriculture officielle de ce Pays Basque; celle enfin de l’Université de ce même Pays Basque.
Oui, le nouveau Président, sa future majorité parlementaire et le gouvernement qui émanera de ces deux sources auront du travail ici aussi, et ça urge, 31 ans après la promesse non tenue de François Mitterrand.

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