Europe, la fin d’un rêve ?

EuropeDésincarné, étranger au plus grand nombre, instrumentalisé, le projet européen est en passe de devenir le cauchemar des démocraties du continent. Les dernières élections ont surtout servi de défouloir et démontré qu’une consultation «hors sol», pouvait représenter un danger non négligeable.

Il n’y a plus de réel débat politique fondé sur des lignes de partages accessibles et compréhensibles. En France tout particulièrement le système de la Vème république a au fil du temps consacré de façon outrancière le bipartisme, vidé le débat d’idées et cela s’est considérablement aggravé avec le renversement du calendrier électoral. Dès lors un président en chasse un autre, sans que l’on parvienne à saisir vraiment ce qui les différencie et les législatives ne servent aux uns qu’à clamer : «il faut donner une majorité au président», aux autres : «le pouvoir ne doit pas se concentrer dans un seul camp» ! Et, le plus rigolo, si l’on peut dire, c’est que ces propos sont interchangeables selon la couleur du nouveau président !

Alors peu à peu, ne sont audibles que des propos simplistes mais qui au final rencontrent une vraie résonance, car ils recouvrent aussi une certaine réalité… Il faut avoir le courage de le reconnaître. Affirmer que le pouvoir se répartit toujours dans les mêmes mains, qu’il y a peu ou pas de différences entre les bleus et les rouges, le personnel politique dans ce pays en fait au quotidien une effarante démonstration ! Reste à plaquer le désastre sur l’Europe et on parvient aux résultats du 25 mai, de façon implacable.

Une Europe lointaine, qui a grandi trop vite sans construire du politique appuyée seulement sur des stratégies économiques libérales, une Europe qui n’a pas su s’incarner dans un projet commun, une Europe sans réelle colonne vertébrale. En 2005, lors du référendum constitutionnel le débat a fait rage, l’Europe a été un enjeu réel le temps d’une consultation, mais d’une certaine façon les dés étaient pipés d’avance et la suite avec le traité de Lisbonne un véritable déni de démocratie ! Nous en voyons les conséquences, l’Europe instrumentalisée a accouché d’un enfant informe, qui ne repose plus que sur une grande technocratie installée dans deux capitales et le déménagement rythmé des instances est assez révélateur d’une Europe qui ne sait pas où elle habite !
Les «étonnés» du soir du 25 mai étaient insupportables, les appels au réveil des consciences une vaste blague, car qui peut encore croire à la sincérité de ces apprentis sorciers ! Eteindre sa télé ou regarder l’éternel cirque de la société de l’image, ce jeu trouble entre «sachants» qui analysent l’analyse, qui dissèquent du vide ! «L’imagologie» selon Kundera pour qui les politiques dépendent des journalistes qui eux-mêmes dépendent de ceux qui les paient …

Malaise ! L’Europe se livre aux extrêmes, elle se brunit peu à peu et Copé (encore vivant le dimanche soir) nous a promettait e retour des bleus comme remède… et les rouges n’ont pas été en reste dans l’ineptie ce qui n’est pas de nature à nous rassurer ! Les idéologies ont tué les idées, ont produit de la désillusion et les gens ont cessé de prendre au sérieux ces bateleurs de foire !

L’Europe instrumentalisée c’est aussi l’Europe responsable de tous nos maux alors que nous savons que les décisions les plus redoutables sont prises dans le cercle très fermé des chefs de gouvernements. Là où il était indispensable de s’orienter vers un vrai fédéralisme et de donner au parlement les pouvoirs qu’exige une démocratie, on a conservé la prééminence des Etats-Nations, et pire nombre de décisions doivent obtenir l’unanimité des états membres. Autrement dit, on a organisé avec brio l’impuissance du système !

Dans un contexte où la crise économique se conjugue à une crise écologique sans précèdent dans le monde moderne, le vieux continent a construit une hydre à multiples têtes, exacerbé les égoïsmes, et s’est fait l’artisan de son propre malheur.

Les «étonnés» du 25 répétaient en boucle l’Europe, c’est la paix. Mais de quelle paix parle-t-on ? Ce n’est pas parce que les canons se sont tus dans sa partie la plus occidentale que le continent est pacifié. D’autres formes de conflits sont à l’œuvre et la guerre entre les peuples se poursuit de façon larvée et il y aura au final quelques gagnants et beaucoup de perdants !

Le vote juste terminé, la déroute du PS et de l’UMP entérinée, nous passions à nouveau en 48 heures au grand déballage des affaires douteuses. L’Europe était reléguée au second plan et Bygmalion occupait toute la place sur tous les médias.

Comment ne pas voir dans ce terrible télescopage, la déliquescence d’une République à bout de souffle, comment ne pas ressentir une profonde inquiétude face aux magouilles de nos responsables politiques ? Comment ne pas comprendre qu’à ce petit jeu, les arguments les plus bassement populistes avaient le plus bel avenir devant eux ?

L’Europe, ce rêve de toute une génération, est devenue infréquentable, elle est le réceptacle de l’ensemble des travers nationaux, là où elle aurait dû transcender le vieil héritage et poser les bases d’un monde nouveau. La citoyenneté européenne n’a pas vu le jour, elle a été confisquée par les appareils politiques, et elle n’a pu réellement s’incarner pour exister. Comment pourrait-il en être autrement alors que les député-es qui la représentent sont le plus souvent les recalés des instances nationales ? Moins tu comptes dans un parti et plus tu as de chances de finir au Parlement européen !

«Coalition des hypocrites» selon Daniel Cohn-Bendit, le Parlement n’est pas à la hauteur des défis, il est incapable d’être le contrepoids des politiques nationales. Dany est parti et il emporte avec lui, une bonne part de notre rêve européen !

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